Avec « Une heure à tuer », l’humoriste Waly Dia livre un énervé mais régénérant spectacle adressé au peuple de gauche. À voir au Summum.
/ Par Aurélien Martinez
Il y a quelques semaines, une commission d’enquête sénatoriale a démontré qu’un rapport de l’Agence régionale de santé avait été édulcoré par plusieurs hauts responsables politiques et administratifs afin de masquer la pollution des eaux commercialisées par Nestlé. « Évidemment scandale d’État, les chaînes d’info sont en boucle dessus, ça fait trembler l’Assemblée nationale… Non j’déconne, ça concerne ni LFI ni les musulmans donc tout le monde s’en branle, forcément. »
L’accroche de la dernière chronique pour Mediapart de l’humoriste Waly Dia donne d’emblée le style du personnage à celui ou celle qui ne le connaîtrait pas encore – mais alors comment cette personne serait-elle tombée sur son billet d’humeur pour ce média d’islamo-gauchistes qu’est Mediapart ? Mystère.
Soit un ton mordant sur notre société actuelle radiographiée par son regard de gauche – pour résumer très rapidement. Et un ton que l’humoriste né à Grenoble (ça c’est pour l’info locale ; de rien), passé par l’émission de Ruquier On n’demande qu’à en rire, le Jamel comedy club et France Inter (ça c’est pour le name-dropping ; de rien), déploie plus longuement sur scène dans le très efficace Une heure à tuer dévoilé l’an dernier (et ça c’est pour le côté critique ; de rien).
Rires complices
« Faire de l’humour, c’est une manière pour moi d’avoir une voix au chapitre », nous a-t-il expliqué au téléphone (faux, il a dit ça en 2023 au Bondy Blog, mais ce n’est pas de notre faute, l’interview que nous avons moult fois demandée ne nous a pas été accordée). D’où cette parole engagée assumée jusqu’au bout et qui balaie large dans son spectacle, attaquant pêle-mêle le macronisme en fin de vie, l’extrême droite beaucoup trop à l’aise en ce moment, la police pas très peace and love ou encore les masculinistes bêtes comme leurs muscles.
Avalanches de rires complices dans la salle, façon sans doute pour les spectatrices et spectateurs de se persuader que cette partie de la France à laquelle ils appartiennent n’est pas si numériquement à terre que ça – ce que les immenses salles bien remplies de Waly Dia tendent à confirmer, et avec bonheur. Car même si tout dehors invite à la révolte, chez Waly Dia, le dézingage est heureux, presque régénérant. Un état d’esprit qui se matérialise avec brio dans la fin de son one-man-show, lorsqu’il donne vie à une manif géante et convoque alors sur scène tout un monde magnifiquement en lutte. Ensemble, tout devient possible, comme l’a dit un jour un homme politique pourtant loin d’être de gauche et qui ne doit pas beaucoup aimer Mediapart.
Photo ©Kevin Clément