Électron libre allergique à toute forme de compromis (elle a très tôt refusé un featuring chez NTM), la rappeuse
Casey est une figure singulière de la scène rap française. Aussi engagée qu’énervée, on l’a déjà vue accompagnée d’Ausgang, groupe d’électro-rock abrasif, ou encore de Béatrice Dalle, de Virginie Despentes et du groupe Zëro pour une lecture-concert du genre à vous remuer les tripes. C’est avec un tout autre projet qu’elle vient se produire à l’Hexagone : Expéka.
Un projet initié par le percussionniste guadeloupéen Sonny Troupé qui perpétue et revivifie le gwoka, style musical nettement revendicatif, né pendant la période de l’esclavage en Guadeloupe. Expéka réunit toute une tripotée de musiciens antillais virtuoses parmi lesquels Célia Wa dont les envolées de flûtes et les chœurs chaleureux contrastent puissamment avec la voix rauque et rocailleuse de Casey qui, comme à l’accoutumée, appose des textes taillés à la serpe qui défrisent l’auditeur autant qu’ils l’instruisent. Elle y évoque sans détours
la traite négrière et ses échos contemporains, questionne les convenances sociales, l’histoire française et la notion d’identité caribéenne de manière jouissive tant les mots sonnent aussi juste que les réflexions qu’elle exprime. Et si le flow rageur de Casey claque comme des coups de fouet et vient gentiment nous remettre les idées en place (quand on l’écoute, on a toujours un peu l’impression de se prendre une paire de claques), l’accompagnement musical, de son côté, pourrait bien nous donner envie de bouger. /BB