Christiane Boua a pris la tête du théâtre jeune public de la Villeneuve le 1er février dernier. Un jalon de plus dans un parcours déjà riche et singulier.
/ par Hugo Verit
Elle n’arrive pas dans un moment facile. Fraîchement nommée directrice de l’Espace 600, Christiane Boua doit déjà gérer de gros dossiers : gel du Pass culture, inquiétudes quant aux baisses de subventions… en plus du reste. Pas évident non plus de succéder à Anne Courel, hautement appréciée, qui a donc quitté ses fonctions le 31 janvier dernier. Qu’importe, Christiane Boua en a vu d’autres et aime les défis. Originaire de la cité nord des Tilleuls au Blanc-Mesnil, « un quartier très populaire », selon ses propres mots, elle se dirige à 25 ans vers le monde théâtral et trouve un premier boulot en tant que chargée de billetterie au Théâtre du Rond-Point à Paris : « C’était un choc des cultures bien sûr, mais j’ai décidé de le prendre avec beaucoup de curiosité et j’ai pris plaisir à naviguer dans ce monde-là. » Ensuite, elle rejoint le Théâtre Jean Arp à Clamart où elle s’occupe de l’action culturelle : « C’est là que viennent les premières crises de sens et où je m’oriente vers le côté social de la culture, qui consiste à travailler dans des endroits où personne ne vous attend. » Puis en 2016, Christiane Boua intègre Les Francophonies de Limoges, « l’un des rares espaces travaillant à l’année autour de la création théâtrale internationale francophone, avec des artistes venant d’Amérique du Nord, d’Afrique, des Caraïbes, d’Europe… » Sa première rencontre avec Grenoble, c’est en 2022 lorsqu’elle démarre une formation à l’Observatoire des politiques culturelles de Sciences Po. « J’ai apprécié cette ville, son côté ghetto-bobo », sourit-elle. Ce qui l’a certainement motivée à rejoindre l’Espace 600, scène conventionnée jeune public située à la Villeneuve, où elle compte mettre à profit ses expériences diverses. « Je veux poursuivre le travail mené autour de l’ancrage territorial, notamment au sein du quartier, mais aussi me tourner vers l’international, accueillir des artistes francophones étrangers. L’idée est d’apporter de la pluralité dans les récits car il n’existe pas qu’une seule jeunesse. J’aimerais aussi que l’on soit plus présent dans l’espace public et proposer des petits spectacles en itinérance. »
Photo © Astrid Usai