En itinérance depuis deux ans, le festival de l’asso Retour de scène se réinvente en misant prioritairement sur la découverte et la scène locale. Embarquez avec nous dans le bus pour un tour d’horizon (non exhaustif) de la programmation !
/ Par Hugo Verit
1ER ARRÊT – LES TÊTES D’AFFICHE
Pas de grands noms capables de soulever les foules au Magic Bus, mais tout de même. Le festival accueille cette année Hippocampe Fou, chantre d’un certain rap français à l’ancienne, classieux et pop aux entournures. Depuis son premier album solo en 2013, le rappeur joue (beaucoup) sur les mots, cisèle ses effets et muscle son flow – parfois virtuose – s’inspirant sans doute de glorieux aînés, à l’instar d’un MC Solaar. À 41 ans, il s’affiche désormais en rappeur papa poule sur Présent (2024), un disque très apaisé, parsemé de featurings familiaux, dont le mignon Tapalaref avec sa fille Lily.
Ailleurs on ne sait pas, mais à Grenoble, Gnawa Diffusion a toute sa place en haut de l’affiche. Née dans la capitale des Alpes en 1992 à l’initiative d’Amazigh Kateb, fils de l’écrivain algérien Kateb Yacine, cette formation mixant les esthétiques (reggae, raï, ragga, chaâbi…) fut et reste l’un des éminents représentants de notre scène locale au niveau national. Gnawa Diffusion s’apprête à sortir un nouvel album et en profite pour remonter sur une scène grenobloise. Pas n’importe laquelle puisque le groupe investira la Belle Électrique le 17 avril.
2E ARRÊT – LA DÉCOUVERTE
On n’a pas fini de le dire : l’avenir de la musique actuelle réside dans la grande fusion des éternelles chapelles. L’électro, le rap, le rock, la pop – tous digérés par une jeune génération qui n’a certainement pas envie de choisir. Ainsi de l’artiste suisse Nathalie Froehlich, formée au piano jazz et abonnée aux rave parties, fan de Stromae, de baile funk ou de gabber. Autant d’influences qu’elle synthétise à l’envi, en profitant pour gueuler au micro quelques revendications et autres propos furieusement politiques. Respirez-en sans modération : c’est l’air du temps.
3E ARRÊT – LA SCÈNE LOCALE
Également à l’origine de la Cuvée grenobloise, l’association Retour de Scène use de son festival pour programmer les jeunes pousses locales sur de jolies scènes. Et c’est tant mieux. On est ainsi curieux de découvrir en live la soul bien balancée de Naphasso ou les volutes de kora proposées par l’artiste sénégalais Balla Bangoura. Ce sera aussi l’occasion d’en savoir plus sur Verdée qui a sorti en 2020 (oui ça date !) un album de chansons plutôt bien construit et qui jouera en plein air sur la place André-Charpin, au cœur du 38100. Enfin, c’est avec un immense plaisir que l’on retournera applaudir M4UV3, rappeuse incandescente en live, qu’on avait découverte sur la scène du Ciel il y a un peu plus d’un an. Dès le premier morceau, toutes les digues étaient rompues pour le plus grand bonheur des amateurs de performances torrentielles.
UN FESTIVAL ITINÉRANT
Pour la seconde édition consécutive, Magic Bus rompt avec son format historique. Fini le festival en plein air sur lieu unique (l’Esplanade en l’occurrence), place à l’itinérance à travers les salles de Grenoble et sa proche agglomération. Un choix que Damien Arnaud, coordinateur de l’association Retour de Scène, justifie ainsi : « Depuis plusieurs années, ça devenait compliqué d’organiser le festival à l’Esplanade. On faisait notamment face à des contraintes importantes liées au voisinage, l’amplitude horaire autorisée ne faisait que diminuer (2h, puis 1h, puis minuit), réduisant le temps d’exploitation. » À cela s’ajoutaient des problématiques de programmation et de fréquentation… « Financièrement, pour tenir sur ce format, il aurait fallu qu’on grossisse, qu’on verse dans la surenchère, mais ça n’a jamais été l’idée. » Alors, l’équipe du festival décide de s’appuyer sur l’ensemble des salles et des lieux existants pour mettre sur pied cet événement itinérant (Bifurk, Ampérage, Belle Électrique, Ilyade, Correspondance…) en recentrant sa programmation sur la découverte et la scène locale. « Mais c’est une solution transitoire, précise Damien Arnaud. Nous avons clairement la volonté de réintégrer un lieu unique pour retrouver une ambiance de festival. » En plein air aussi ? Rien n’est moins sûr : « Il est assez compliqué d’organiser du plein air à grosse jauge à Grenoble. C’est une vraie problématique… »