Avec « Bastille inédite, Rabot insolite », la Plateforme nous invite à nous pencher sur cette singulière portion de territoire grenoblois qui nous contemple. Instructive et didactique, cette exposition interroge l’avenir de ce site et dévoile quelques documents assez étonnants.
/ Par Benjamin Bardinet
Il est toujours intéressant d’aller faire un tour à la Plateforme pour se tenir au courant des réflexions relatives à l’urbanisme contemporain mais également, parfois, pour mieux connaître Grenoble, son histoire urbanistique et ses enjeux à venir. C’est le cas actuellement avec une exposition qui nous invite à nous pencher sur les flancs de la Bastille et tout particulièrement sur la cité du Rabot, cette ancienne forteresse militaire reconvertie en partie en résidence étudiante dans les années 1950. Conçu en trois sections, le parcours propose dans un premier temps de revenir sur l’histoire du site à grand renfort d’images inédites richement documentées et rendant compte des projets passés. La deuxième partie se penche sur le présent, et donne la parole aux différents acteurs qui font actuellement usage du site. Enfin, la dernière section nous invite à imaginer le futur. En effet, fin 2025, le site sera laissé vacant par le Crous qui gère la résidence universitaire. Un collectif d’urbanistes et d’architectes a entrepris de réfléchir à un possible scénario de reconversion de ces espaces mi-urbains, mi-naturels qui ont la particularité d’abriter le climat méditerranéen le plus au nord du pays – ce qui en fait un lieu d’étude idéal pour observer les changements climatiques.
ACROPOLE AVORTÉE
Par ailleurs ce genre d’exposition est toujours l’occasion de mettre le nez sur des documents insolites. On retiendra le plan du projet avorté d’acropole universitaire imaginé pour la Bastille dans les années 1950 et dont la résidence du Crous est l’un des derniers vestiges (avec les deux instituts récemment reconvertis en Babel Community) ; les schémas relatifs à la puissance de tir des batteries d’artillerie en poste sur les contreforts de la Bastille (tant d’ingéniosité déployée pour massacrer son prochain, ça laisse pantois) ; et enfin, l’étonnante image fantomatique qui ouvre l’exposition : une vue de l’Isère par le peintre romantique Turner effacée par un liquide malencontreusement renversé sur la toile… comme une mise en abîme des terribles crues de l’indomptable rivière.
photo©Auriane Poillet Ville de Grenoble