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Bière

Festival Bigre! au Jardin de ville : fruits de la pression

/ Par Jérémy Tronc

Avec son accès gratuit et son cadre en plein air, Bigre! entend bien rendre la bière artisanale accessible à tous. « On ne s’installe pas au Jardin de Ville par hasard. C’est un lieu central, très fréquenté, ouvert à tous. Si les gens veulent juste passer goûter une bière et repartir, ils peuvent », explique Max Marquer, l’un des organisateurs. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, un pack découverte à 6 euros est proposé : il comprend un verre sérigraphié, un livret de présentation et deux dégustations issues de brasseries tirées au sort. « L’idée, c’est de faire découvrir de nouvelles brasseries, d’apprendre à déguster, de comprendre comment on fabrique une bière. On remet aussi une fiche pour garder une trace de ce qui a été dégusté dans la journée. On n’est pas là pour se bourrer la gueule. »

L’Isère, territoire de micro-brasseries

Cette année encore, le festival met l’accent sur la proximité géographique : les brasseries sont toutes situées à moins de 60 km à vol d’oiseau de Grenoble. « On a la chance d’être dans un département qui compte 66 brasseries, c’est énorme. C’est le deuxième de France en nombre de brasseurs », souligne Max. « Et derrière ces chiffres, il y a surtout de petites structures, souvent jeunes, qui brassent avec inventivité. Là où un industriel vise la constance, l’artisan revendique la variation : d’un brassin à l’autre, la bière évolue. C’est ça, sa richesse. » La sélection joue sur la diversité, le renouvellement et l’équilibre : classique et audace cohabitent, craft beer assumée ou styles plus sages. Sur les 15 brasseries invitées, 10 sont nouvelles. L’ancienneté moyenne est de 5,7 ans, et plus de la moitié sont labellisées bio.

Des rencontres et de la pédagogie

Au-delà de la dégustation, Bigre! mise sur un véritable village dédié à la découverte. La houblonnerie du Diois proposera un espace pour tout savoir sur le houblon. Conférences, ateliers, associations comme les Buveuses de Bières ou la Pink Boots Society, qui promeut les femmes dans la filière brassicole (lire ci-dessous), seront aussi de la partie.

Nouveauté 2025, le festival s’étend en amont avec la Bigre Semaine!, du 23 au 28 juin. Bars, caves et lieux partenaires accueilleront ateliers, brassins collaboratifs (au Ptit Labo), cuvée spéciale (au Brewhouse), dégustations commentées ou ateliers sur les accords bières-fromages (au bar La Souche). Objectif : mettre aussi en valeur ceux qui font vivre la bière locale au quotidien.



Bière fruitée pour Madame ?


Entre ce genre de préjugés sur les goûts féminins et les comportements sexistes, les femmes peinent encore à être prises au sérieux dans le milieu brassicole. Perrine Lonque et Dorothée Van Agt, membres respectives des associations Buveuses de bières et Pink Boots Society France veillent au grain (d’orge) et militent pour faire sauter les clichés.

En France, les femmes représentent 40 % des consommateurs de bière… mais à peine 15 % des effectifs dans les brasseries (données du site Projet Amertume). Et lorsqu’elles s’installent derrière un stand, c’est souvent le même scénario : « Quand un homme et une femme sont présents, les gens vont spontanément parler à l’homme parce que la bière, c’est une histoire d’hommes ! Sinon on nous demande si on peut voir le brasseur. Comme si ça ne pouvait pas être nous », témoigne Dorothée Van Agt de l’association Pink Boots Society France. Les stéréotypes ont la vie dure, surtout dans un milieu perçu comme physiquement exigeant et “technique”, donc, dans l’imaginaire collectif, masculin.

Face à cette invisibilisation, les collectifs émergent. Buveuses de bières, une association féministe et antiraciste, réunit les amatrices autour de dégustations, visites de brasseries ou ateliers en non-mixité choisie. « Ces espaces permettent de prendre la parole sans être interrompue ou jugée. C’est un vrai besoin », explique Perrine Lonque. L’association mène aussi des actions de sensibilisation avec une charte à faire signer aux établissements ou encore un chamboule-tout de réflexions sexistes imprimées sur des boîtes.

De son côté, Pink Boots Society France, branche hexagonale d’une association américaine, propose ateliers, bourses et brassins collaboratifs dont 25 % des revenus servent à financer des formations. « On veut donner aux femmes les moyens de se sentir légitimes, de gagner en confiance et en compétences », souligne Dorothée, elle-même formatrice en biérologie. Son constat est clair : les femmes sont présentes, mais on ne les voit pas. « Et quand elles parlent, on leur coupe plus facilement la parole. À compétence équivalente, il faut en faire deux fois plus pour sembler crédibles. Moins une femme se sentira à sa place dans ce domaine, moins le milieu bougera. C’est pour cela qu’on existe. »

Qu’il s’agisse de marketing genré (typé masculin pour les bières fortes là où pour les blanches, fruitées ou sucrées, il sera plus typé féminin) ou de la difficulté à se faire reconnaître dans les festivals et les bars, les biais sont ancrés. Mais grâce à ces initiatives, le milieu du houblon se dégenre… brassin après brassin.

Photo ©Pexels / Anete Lusina

BIGRE!

Dimanche 29 juin à 11h30

Jardin de ville (Grenoble)

Gratuit

  • Vraac bannières juin 2025
  • Ouverture billetterie 25 26
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