Une semaine de projections et de discussions pour interroger, collectivement, la représentation des quartiers populaires. C’est la proposition, vivifiante, portée depuis maintenant cinq années par l’association des Films de la Villeneuve avec son événement Cinéma de quartier.
/ Par Damien Grimbert
C’est un réalisateur grenoblois qui, en 1997, filme les efforts sans relâche d’un jeune pour maintenir ouvert le pressing de ses parents, menacé de fermeture, à la Villeneuve d’Échirolles. Une comédienne et historienne de l’art qui, à travers trois courts-métrages de périodes diverses et une table-ronde, invite à interroger le rapport du musée à l’histoire coloniale. C’est un retour croisé, en l’espace d’un film et d’un livre, sur la mobilisation politique de plusieurs générations issues de l’immigration postcoloniale dans les années 70 et 80. Ou encore les trois premiers épisodes d’une nouvelle série documentaire produite localement, Les Années 20, centrée sur le pouvoir d’agir des habitants des quartiers populaires. Plus encore que leurs sujets, ce qui réunit ces différents temps de projections et d’échanges, organisés tout au long de la première semaine du mois de décembre dans le cadre de Cinéma de quartier, ce sont peut-être leurs formes : des approches simples, précises, documentées, complémentaires. Pas de dogmatisme, pas de moralisme, pas de prêt-à-penser. Et des discussions, nombreuses, stimulantes, parfois houleuses, souvent fertiles, avec des sociologues, des streameurs, des historiens, des cuisiniers, des jardiniers, des cinéastes, des habitants…
Faire entrer le cinéma dans nos vies
Active depuis maintenant quinze ans au cœur du quartier du même nom, l’association des Films de la Villeneuve s’est longtemps focalisée sur la création d’œuvres cinématographiques impliquant des habitants du quartier et de ses alentours. Avant de « penser la diffusion comme partie intégrante de la production des films » avec le lancement de la première édition du festival Cinéma de quartier en 2021, comme nous l’explique Naïm Aït-Sidhoum, cofondateur des Films de la Villeneuve : « On produit des films localement pour adresser des questions localement à un public que ça peut toucher. Cela permet de gagner en indépendance, en autonomie, mais également, en nous demandant les raisons pour lesquelles les gens viennent voir nos films, de changer notre manière de les faire et de les programmer. La question de la diffusion, ça a accéléré notre tournant vers le cinéma documentaire, on a cherché à traiter de questions qui intéressaient notre public : la famille, la parentalité, le racisme, l’alimentation… Jusqu’à aujourd’hui, où dans le programme de cette année, on a donné des titres aux soirées qui ne sont pas les titres des films, parce que la discussion qui succède tient une place tout aussi importante que le film lui-même. Et dans le même ordre d’idée, on choisit des invités davantage pour aborder les questions soulevées par nos films que pour parler des films eux-mêmes. Bien sûr, on ne met pas la forme de côté, mais l’idée est avant tout d’ouvrir un débat plus large. »
Photo © Les Films de la Villeneuve