Centré sur les écritures théâtrales d’aujourd’hui, le festival Regards croisés du collectif grenoblois Troisième bureau en est à sa vingt-cinquième édition ! Présentation avant d’aller écouter des pièces.
/ Par Aurélien Martinez
« Être attentifs aux écrivains et aux écrivaines d’aujourd’hui, à celles et ceux qui travaillent pour la scène, à leurs textes et à leurs recherches singulières, obstinées et multiples » : telle est la profession de foi du collectif grenoblois Troisième bureau inscrite dans l’article premier de son Manifeste pour les écritures théâtrales contemporaines, cité dans le programme du festival Regards croisés qu’il organise chaque année depuis 2001. Tout est dit.
Soit, pendant une semaine, des lectures incarnées de textes tout frais appelés peut-être à prendre vie demain sur les scènes françaises et d’ailleurs. Un travail essentiel de repérage et de mise en lumière (avec également des rencontres, une table ronde, un temps dédié au jeune public…) afin de défendre un art en prise avec son époque, ce que prouvent brillamment les artistes invités de cette vingt-cinquième édition.
Théâtre féministe
Citons par exemple la Guadeloupéenne Béatrice Bienville et son thriller écologique CHLRDCN – Trop beau pour y voir sur le scandale du chlordécone, pesticide utilisé dans les bananeraies des Antilles françaises à la fin du siècle dernier alors qu’on le savait dangereux ; l’Israélienne installée en Allemagne Sivan Ben Yishai et son Love / Exercice argumentatif, dénonciation des logiques patriarcales à l’œuvre dans l’intimité amoureuse à travers le personnage populaire de Popeye ; ou encore la Haïtienne Andrise Pierre et sa pièce choc La Petite fille que le soleil avait brûlée qui, en partant de l’envie d’une jeune femme de porter la robe de mariée de sa tante à ses propres noces, ausculte la culture du viol.
En tout, six textes seront dévoilés, certains à la langue on ne peut plus contemporaine. À l’image du Bagarre de Sarah Hassenforder centré sur l’adolescence : « Tu défends le bail on dirait c’est la boite de tes darons j’ai juré. » Oui, le théâtre n’est pas qu’un truc de darons !
Photo ©Nicéphore Tsimbidaros