Salutaire, le festival Palestine en vue braque quelques projecteurs sur le cinéma palestinien actuel, forcément très politique. On vous recommande notamment deux films, deux visions complémentaires sur un même sentiment d’exil et d’injustice éternelle.
/ Par Hugo Verit
En France, la couverture médiatique des tragédies en cours à Gaza est certainement loin d’être satisfaisante lorsqu’on se situe du côté palestinien. Les médias Bolloré par exemple (dont on sait l’influence) se montrent carrément indifférents – voire hostiles – au sort des Gazaouis. Dans ce contexte, le 7e art apparaît comme une voie alternative pour rééquilibrer la balance et informer le public, si bien que le cinéma palestinien s’affirme aujourd’hui comme un cinéma de résistance, éminemment politique. Constat flagrant lorsqu’on se penche sur la programmation du festival Palestine en vue, dans laquelle nous avons repéré deux documentaires poignants et édifiants. Deux témoignages qui, en se contentant de filmer la simple réalité, montrent l’impossible existence de ces populations à qui l’on refuse une terre, une patrie, rien qu’un petit coin du monde pour fonder un foyer sous un toit solide.
Le premier, No Other land, se déroule sur le terrain même des conflits. Dans les hameaux cisjordaniens de Masafer Yatta, un jeune journaliste intrépide documente chaque jour l’oppression de l’armée israélienne, les incursions parfois sanglantes des colons, la destruction au bulldozer des masures palestiniennes, le repli dans les grottes insalubres avec femmes et enfants… Basel Adra filme tout, épaulé de Yuval Abraham, un reporter israélien anti-colonialiste avec lequel se noue une amitié pleine d’espoir…
L’angle diffère complètement dans le second documentaire, Life is Beautiful, qui prend place à des milliers de kilomètres, sous la neige lourde et le froid polaire de Tromsø en Norvège. Invité pour un festival, le réalisateur gazaoui Mohamed Jabaly se retrouve bloqué dans le pays nordique suite à la fermeture de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, seul point de passage possible pour un Palestinien. Il va donc rester en Norvège pendant plusieurs années, rongé par l’exil forcé loin de sa famille – et surtout de sa mère, à qui il dédie cette lettre cinématographique –, en lutte contre le gouvernement norvégien qui le considère comme apatride et refuse a priori de lui offrir l’asile. Captivant et bouleversant.