Arriver à autant de consensus tout en créant une surprise fort confortable n’est pas donné au premier venu ; il fallait donc un talent protéiforme, quelques années de fructueuses expériences et un certain sens des contours, dépourvu de tout conformisme. C’est ainsi que Thomas De Pourquery a sorti l’année dernière Let the Monster Fall. On y retrouvera son terrain de jeu de prédilection : le mélange des genres. De Metronomy à Jeanne Added, Oxmo Puccino ou Mick Jones, le musicien a su développer les collaborations, dont l’empreinte reste plus présente que jamais sur ce premier album solo, comme pour finalement rendre hommage à tous ceux qui auront croisé son chemin. Mais passons la traduction littérale pour disséquer le cœur du propos. Et du cœur, il y en a à revendre. Un album généreux, une ode à la vie, et le témoignage de la douloureuse expérience de la perte.
Sur scène, le musicien aime à se définir comme une diva masculine, et pour cause : entre envolées vocales, tenues chics et gestes déployés qui embrassent l’espace et les cœurs, il partage. Que ce soit avec ses compagnons de scène, comme avec un public suspendu à ses lèvres : il joue du micro ou le délaisse pour nous faire danser sur des arrangements qui tapent, ou rêver sur les lignes expertes du saxophone, présentes tout en délicatesse. Lors d’une interview, il empruntait volontiers les mots de Thelonious Monk pour qualifier les émotions qui le traversent : « Il faut faire exister des sentiments opposés pour tendre une corde. » Ils sont tellement beaux qu’il était impossible de ne pas les reprendre, car ils nous traversent désormais tout autant. / CS