Des copines, du matcha, YouTube, les diktats de l’apparence, les mecs appelés losers ou chiens… Les morceaux de Yoa sont en plein dans notre époque, spleen cruel compris, de celui qui terrasse, donne des idées noires mais sert de carburant afin de composer des Chansons tristes, du nom du second EP de la Franco-Suisse paru en 2022. L’autrice-compositrice, dont la nouvelle chanson française a en quelque sorte fait sa Favorite, du nom cette fois de son premier album parfaitement maîtrisé sorti en début d’année, au point de lui décerner la Victoire de la révélation scène en février, propose ainsi une pop de chambre soignée et addictive (son petit tube Mes copines en meilleur exemple) pleine de rythmes (reggaeton, bossa, R’n’B…) et d’images – « Elle met des tonnes de crème sur son visage / Oh mon Dieu comme c’est criminel de prendre de l’âge » sur Matcha Queen.
Yoa, 26 ans, raconte avoir voulu être actrice avant que quelques échecs puis le confinement ne la détournent vers la musique. Une musique qui, malgré sa légèreté séduisante de prime abord, est remplie de contrastes palpitants et, à l’écoute, dévoile de nombreuses couches, notamment féministes et intersectionnelles. Tel son titre Le Collectionneur adressé à l’homme qui l’a violée. « Cette chanson est pour toi / Ce sera jamais ma faute / Je te déteste. » Bouleversant. / AM
Photo © Colin Solal