Parmi les plaisirs estivaux, nous mettons en bonne place les projections de cinéma en plein air – moments doux et paisibles (à condition de prévoir un anti-moustiques). On a donc épluché les programmations de Cinétoiles, de la Cinémathèque et de Mon Ciné pour vous offrir cette sélection.
/ Par Damien Grimbert et Hugo Verit
Top Gun : Maverick
Une mission à haut risque, un escadron de pilotes d’élite et pour les encadrer, un vétéran casse-cou en froid avec la hiérarchie. Avec cette suite ultra-tardive (le premier volet datait de 1986 !), le réalisateur Joseph Kosinski renoue avec une certaine idée du blockbuster « à l’ancienne » tout en prenant soin de l’intégrer dans un écrin hyper-spectaculaire à couper le souffle. Une franche réussite aux antipodes des franchises contemporaines, qui s’offre qui plus est le luxe d’une réflexion plutôt bien vue sur le vieillissement, les regrets, la transmission… On n’en attendait pas tant ! / DG
Ven. 4 juil. à 22h à l’Aérodrome du Versoud
Mar. 26 août à 21h, place de la Cave (La Terrasse)
Le Royaume de Kensuké
Une tempête, une mer déchaînée, une île déserte, un jeune naufragé et son chien… Sur ces prémices intemporelles, les réalisateurs Neil Boyle et Kirk Hendry livrent un joli roman d’apprentissage, porté par une animation chatoyante mêlant personnages en 2D et décors en 3D. À la rencontre d’un autre rescapé (un vieux soldat japonais vivant sur l’île depuis la Seconde Guerre mondiale), le jeune Michael va ainsi progressivement apprendre à vivre en harmonie avec la faune et la flore locales, puis à prendre leur défense en présence de néfastes braconniers. Classique mais bien fait. / DG
Jeu. 17 juil. à 21h45
École Gabriel-Péri (Saint-Martin-d’Hères)
Interdit aux chiens et aux Italiens
Il fut un temps où le migrant était italien. Et subissait un racisme, un rejet, une méfiance sans bornes de la part des Français (peuple de trouillards par excellence). C’est évidemment l’idée la plus troublante qui ressort de ce film à l’animation élégante, dans lequel Alain Ughetto raconte le récit d’exil de ses grands-parents, ayant quitté l’Italie miséreuse au début du XXe siècle pour s’installer en France. Le parallèle avec notre époque – où les migrants stigmatisés ne viennent plus d’Italie mais y échouent souvent dans leur périple vers une vie meilleure – est assez saisissant. / HV
Sam. 26 juil. à 21h30
Parking de la salle des fêtes (Saint-Vincent-de-Mercuze)
La Tortue rouge
Une tempête, une mer déchaînée, une île déserte, un jeune naufragé, des crabes et une tortue… Sur ces prémices intemporelles, le réalisateur Michael Dudok de Wit livre un splendide film d’animation éthéré et minimaliste, à la poésie de tous les instants. Pour peu que l’on accepte de se laisser porter par son rythme quelque peu languissant, on se voit récompensé par une ambiance sensorielle extrêmement réussie (le film est produit par le fameux Studio Ghibli d’Hayao Miyazaki et Isao Takahata et cela se sent) au service d’un récit aux confins des grandes interrogations métaphysiques. / DG
Jeu. 7 août à 21h
Terrasses Lesdiguières de la Bastille
Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs
Une vieille maison de campagne plongée au cœur d’une nature luxuriante, un gros chat débonnaire, un jeune garçon à la santé fragile, et une jeune fille issue d’une famille de Chapardeurs, petits êtres humains miniatures vivant à l’abri des regards. Bâti sur un scénario d’Hayao Miyazaki et de Keiko Niwa, ce premier film d’Hiromasa Yonebayashi s’inscrit en tout point dans l’univers habituel des productions Ghibli et on ne va pas s’en plaindre, tant ces dernières n’ont rien perdu de leur incroyable potentiel de fascination au fil du temps. Une petite merveille. / DG
Mer. 20 août à 21h
Musée dauphinois
Vivre avec les loups
Sujet de débats infinis (car bien souvent infructueux), le loup divise furieusement l’humanité. Car il la questionne dans ses fondamentaux, son histoire, son désir de maîtriser la planète pour s’assurer une chose qu’elle est la seule à convoiter sur Terre : un supplément de confort. Dans ce documentaire aux images rares et très belles, Jean-Michel Bertrand nous donne de véritables clés pour mieux comprendre tous les enjeux autour de cet animal sublime, en s’appesantissant aussi sur les préoccupations de ceux qui n’ont pas voix au chapitre (et pour cause) : les loups eux-mêmes. À la fin du film, la conviction est faite : il n’y a pas de bon ou de mauvais camp, pas de débat : il va falloir cohabiter. Vivre avec… ou vivre ensemble. / HV
Lun. 25 août à 21h
Salle du Bresson (Le Touvet)
Les Demoiselles de Rochefort
Au pays de Jacques Demy, certains préféreront Cherbourg à Rochefort, et ils auront sans doute raison, tant Les Parapluies s’avèrent plus profonds et moins sirupeux que Les Demoiselles. Car oui oui, c’est un brin caricatural et jusqu’au-boutiste dans le spectaculaire sans aspérité… Mais cette comédie musicale, techniquement virtuose, est un véritable plaisir coupable, avec ses héros/héroïnes se languissant de leurs idéaux féminins/masculins alors qu’ils se trouvent – et le spectateur le sait bien – justement sous leur nez tout au long du film… Dans le jardin du musée Hébert, ce sera parfait. / HV
Mer. 27 août à 21h
Musée Hébert (La Tronche)
Moonrise Kingdom
Qu’il nous manque, le Wes Anderson de 2012 ! Depuis quelques films, le réalisateur américain ne s’intéresse plus – semble-t-il – qu’à ses élucubrations formelles (travellings véloces, couleurs surréalistes) et ses castings clinquants aux dépens du scénario, The French Dispatch en meilleur exemple. Nous voilà donc résolus à revoir ses « premiers » films (on n’a pas encore vu The Phoenician Scheme, soyons honnêtes) dont ce Moonrise Kingdom renversant avec maestria les rôles adultes/enfants. Les premiers, en proie à divers caprices, étant bien incapables de mener leur existence, quand les seconds se révèlent d’une implacable sagesse, surtout lorsqu’il s’agit d’expérimenter les choses de l’amour… Une merveille à revoir, et revoir encore ! / HV
Ven. 29 août à 21h
Musée de la résistance et de la déportation de l’Isère
Photo © Studio Canal