« Je suis la veuve officielle de Kurt Cobain », lâche Béatrice Dalle sur France Inter. Courtney Love appréciera. N’empêche, la connexion entre l’icône américaine du grunge et l’actrice française punk est évidente. Dans Come as you are, Béatrice Dalle s’entoure du plus rock des rappeurs, Youv Dee, et du talentueux musicien Bastien Burger. Sur scène se succèdent dix chansons de Nirvana et dix extraits de textes de Kurt Cobain, lus de la voix rauque et émue de Béatrice Dalle. Il y a la lettre qu’il a rédigée avant de se donner la mort en 1994, bien sûr, célèbre. « Il vaut mieux brûler franchement que s’éteindre à petit feu. » Mais il y a aussi son journal intime, dans lequel il parle d’amour, de musique, de famille, de la société. « Être positif en permanence, c’est ignorer tout ce qui est important, sacré, ou qui a de la valeur. Être négatif en permanence, c’est se sentir menacé par le ridicule et le discrédit immédiat. » C’est profondément noir comme la santé mentale de l’auteur, avec de rares lueurs notamment quand il évoque sa fille. Très en avance sur son temps dans le rapport entre hommes et femmes. Bien écrit, tranchant, net, sans jamais d’apitoiement. Juste l’incommensurable solitude d’un gamin trop sensible devenu superstar. Même 30 ans plus tard, on n’a jamais assez rendu hommage à l’inégalé Kurt Cobain. / DD
Photo © Youri Lenquette